La Forêt de Nuage
La Réunion
Jean-Daniel Turpin écoute la forêt comme on lirait un livre ancien. Chaque plante, chaque nom vernaculaire, chaque usage porte une histoire, souvent transmise à voix basse, au détour d’une marche ou d’un jardin. À travers sa structure La Forêt de Nuage, il œuvre pour que cette mémoire végétale ne disparaisse pas.
Son domaine : l’ethnobotanique et la médecine traditionnelle. Il connaît les propriétés des plantes médicinales, prépare des tizann lontan et des alcoolatures appelées ronm tizann, selon des pratiques héritées des anciens. Mais pour Jean-Daniel, ces savoirs ne sont pas seulement thérapeutiques : ils racontent aussi l’île, ses résistances, ses métissages, ses adaptations. Chaque plante endémique ou indigène porte un nom, souvent poétique, parfois mystérieux, et toujours chargé de sens.
Il a appris sur le terrain, auprès de ceux qui savaient. À La Réunion, les savoirs se transmettaient rarement par écrit et souvent dans l’urgence : « en passant », « sur le vif », parfois une seule fois. Il fallait écouter, retenir, pratiquer. Aujourd’hui, il revendique cette transmission vivante comme un acte de sauvegarde.
Jean-Daniel identifie les plantes des forêts de bois de couleurs du sud, cultive en agroforesterie des espèces endémiques et indigènes, et développe une agriculture vivrière où le gingembre, les fruits et les légumes reprennent leur place dans une autonomie retrouvée. Enseignant, formateur, meneur de marches en forêt, il accompagne celles et ceux qui veulent comprendre, apprendre, cultiver autrement.
Son ambition est simple et essentielle : multiplier les ateliers, les temps de partage, les lieux de transmission. Car pour lui, préserver la nature passe aussi par la mémoire des gestes et la parole donnée. Dans la forêt de Jean-Daniel Turpin, on n’apprend pas seulement à reconnaître une plante — on apprend à écouter un territoire.